La première fois que j’ai découvert le cancer… et ce que j’aurais aimé savoir
- Zineb Ajar
- Apr 13
- 4 min read
Comment j’ai découvert LE cancer… et ce que j’aurais aimé savoir (Et je fais ici un choix de mots important :
Je ne dis pas MON cancer, parce que je refuse de m’approprier quelque chose qui m’a traversée, mais qui ne me définit pas.
C’est LE cancer. Il ne m’appartient pas.)
Aujourd’hui, je reprends ce blog avec une envie simple, mais profonde : partager.
Parce que parfois, une phrase, un témoignage, une expérience peut changer quelque chose dans la vie de quelqu’un.
Et si mon histoire peut aider ne serait-ce qu’une seule personne à consulter à temps, ou à se sentir un peu moins seule, alors ça vaut la peine.
Le début de tout : un geste anodin, une intuition
C’était en 2013. J’étais sous la douche quand j’ai senti une toute petite boule, comme une bille, au niveau du sein gauche.
Ce n’était pas vraiment douloureux, mais ce n’était pas normal.
Tout de suite, j’ai su que je devais faire quelque chose.
Ma coloc. de l’époque, infirmière, m’a dit :
« Ne t’inquiète pas Zineb, c’est sûrement à cause de tes règles. »
C’est vrai qu’avant les règles, les seins peuvent être sensibles, gonflés, douloureux…
Mais ça ne m’a pas convaincue.
Quelque chose, en moi, me disait que ce n’était pas juste hormonal.
J’étais à l’étranger et je ne connaissais aucun médecin là-bas. J’ai donc appelé mon amie, Carmela, pour lui demander si elle connaissait un spécialiste à consulter rapidement.
Elle a été très réactive. J’ai pu avoir un rendez-vous de suite. Et tout s’est enchaîné très vite : échographie, scanner, …
À peine le temps de comprendre ce qui se passait.
Mais au fond de moi, je savais déjà.
Je ne peux pas expliquer comment. Juste… cette sensation. Cette intuition.
Ce genre de moment où le corps t’envoie un message clair, même si tu espères de tout ton cœur qu’il se trompe. (Je me rappelle d’ailleurs, qu’à cette époque j’avais perdu beaucoup de poids sans changer quoi que ce soit à mon hygiène de vie.)
L’attente : cette semaine interminable
Pour moi, le plus dur à cette époque, ce n’était pas le diagnostic. C’était l’attente.
J’avais passé tous les examens, ou du moins, c’est ce que je pensais. Mais il y en avait d’autres à venir. Et il fallait attendre que l’oncologue m’appelle.
On m’avait dit qu’elle me rappellerait dans la semaine. Alors chaque jour, je téléphonais au cabinet. (Les résultats étaient sortis donc je ne comprenais pas pourquoi le médecin ne m’avait pas encore appelé)
À chaque fois, la réponse était la même:
« Elle vous rappellera, elle est en consultation. »
Et chaque jour, je m’effondrais un peu plus.
Je ne dormais pas. Je voulais juste savoir.
Je sentais que quelque chose n’allait pas.
Le vendredi, j’étais à bout.
J’ai donc appelé mon amie encore une fois :
« Je n’en peux plus. Je dois savoir.
Si c’est le cancer, qu’elle me le dise.
Si c’est autre chose, qu’on me le dise aussi.
Mais je ne peux pas passer le week-end comme ça. »
…
Peu après, le téléphone sonne. C’était Dr. Marie P.
Et là, deux petites questions :
« Are you alone? »
« Are you seated? »
Et j’ai tout de suite compris.
On ne pose pas ces questions pour annoncer une bonne nouvelle.
Alors j’ai demandé, directement :
« Is it cancer? »
Le verdict est tombé : cancer du sein invasif.
Je ne m’étais pas trompée.
Ce que mon corps avait essayé de me dire depuis le début, je l’ai entendu à ce moment-là.
Si je n’avais pas été à l’écoute de mon corps… si j’avais attendu… je n’aurais peut-être rien vu venir.
Le cancer du sein peut être silencieux et évoluer très lentement.
Ce que j’ai compris depuis, et que j’aurais aimé savoir plus tôt, c’est que le cancer du sein peut être totalement silencieux.
Dans ses premiers stades, il ne provoque souvent aucune douleur, aucune gêne, aucun signe visible. Pas de boule palpable, pas de symptôme particulier.
C’est pour ça que la détection précoce est vitale.
Selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé), c’est justement ce silence qui rend ce cancer si dangereux s’il n’est pas dépisté à temps.
Au Maroc, le cancer du sein représente plus de 36% des cas de cancer diagnostiqués chez les femmes.
C’est le cancer féminin le plus fréquent.
(Source : Hôpital Cheikh Khalifa)
À partir de 40 ans (ou avant si vous avez des antécédents familiaux), il est fortement recommandé de faire une mammographie ou un autre examen de dépistage.
Les signes qui doivent alerter
Je ne suis pas médecin, mais voici ce que j’ai appris et que je veux vous transmettre :
Une boule dans le sein, même petite
Une douleur localisée qui persiste
Un changement de la texture de la peau
Une rétractation du mamelon
Un écoulement anormal
Une intuition persistante
Une perte de poids inexpliquée
Ce n’est pas toujours grave, mais c’est toujours important.
N’attendez pas. CONSULTEZ.
Ce qu’on a besoin d’entendre à ce moment-là
Et si c’était toi ? Ou une amie, une sœur, une maman ?
Alors retiens ça :
Tu as le droit d’avoir peur.
Ce que tu ressens est légitime.
Tu n’as pas à tout affronter seule.
Ton intuition est précieuse.
Ce n’est pas ta faute.
Et aujourd’hui ?
Aujourd’hui, je suis toujours là. Alhamdoullilah.
J’ai récidivé après 10 ans.
Mais je suis encore en chemin.
Et j’ai choisi de parler.
De partager.
D’ouvrir des espaces de respiration et de soutien,
pour que d’autres femmes (et leurs proches) puissent se reconnaître, s’informer, ou simplement se sentir un peu moins seules.
Ce blog, c’est mon espace.
Mon combat. Mais aussi un peu le tien.
Merci d’en faire partie.
Besoin d’aide ou de ressources ? (Maroc)
Voici quelques liens utiles :
Secteur Public
Secteur Privé
Si tu ressens quelque chose d’hinabituel, fais-toi confiance. Parle-en à ton médecin traitant, même pour un simple doute.
Je suis là si tu jamais tu veux commenter, m’écrire, ou juste lire en silence.
Et si tu penses que cet article peut aider une amie, une sœur, une collègue…
n’hésite pas à le partager.
Recent Posts
See AllIl y a des jours où tout ce qu’on veut, c’est déposer ce qu’on ressent . Pas qu’on nous explique comment aller mieux. Pas qu’on nous dise...
Comments