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Il est 2h51 du matin

  • Writer: Zineb Ajar
    Zineb Ajar
  • Sep 25
  • 3 min read

Il est 2h51 du matin

Je me réveille, la mâchoire serrée, le corps tendu. La douleur est là, familière, presque comme une vieille compagne de route. Elle me ramène à ces premiers mois après le diagnostic, quand ma charge mentale était si lourde qu’elle se manifestait jusque dans mon corps.

Cette nuit, ce n’est pas la maladie qui m’a tenue éveillée. C’est une blessure encore vive : celle du licenciement.


En reprenant la plume ces derniers jours, en osant reparler de cet épisode, j’ai réveillé des émotions enfouies. Ma tête tourne, les souvenirs affluent. Je me revois face à ces phrases qui m’ont blessée :

Il y a beaucoup d’amour pour toi… mais il y a aussi le business.

On ne remettait pas en doute mes compétences. Mais derrière les mots d’“amour” et de “reconnaissance”, il y avait ce coup dur : après dix ans de loyaux services, je n’étais plus dans le tableau.


Je me souviens aussi du paradoxe : mon salaire avait été maintenu, mes absences n’avaient pas été comptabilisées, et pourtant, j’avais l’impression qu’on me faisait une faveur. Comme si j’étais redevable, comme si ce qui devrait être normal: soutenir un employé en grande fragilité, devenait exceptionnel.

Je tiens à préciser que certains collègues m’ont soutenue, et je leur en suis reconnaissante. Mais dans ce contexte-là, dans cette situation-là, c’était mon ressenti : ce soutien semblait exceptionnel plutôt que naturel.


Et puis, il y a eu ce manque d’empathie criant.

Je me rappelle encore cette phrase :

Pourquoi tu ne vas pas dans un hôpital public ?

alors que je cherchais simplement à comprendre mes droits et les démarches avec l’assurance.


Et parlons-en, de l’assurance. À peine deux mois et demi de traitement, et j’avais déjà atteint mon plafond. Le jour où j’ai appris que mon dossier était rejeté, c’était un choc. Un de plus. S’ajoutaient à ça des retards de remboursement interminables : trois mois d’attente pour un traitement qui coûte plus de 23 000 dirhams. Et cette phrase qui m’a profondément marquée :

De toute façon, jusqu’à présent, tu t’en es toujours bien sortie.

Comme si ce n’était pas ma vie, ma dignité, ma santé qui étaient en jeu.


Alors oui, cette nuit, à 2h51, j’ai ressenti à nouveau la colère, la douleur, l’injustice. Aujourd’hui, la colère s’est apaisée, mais les émotions restent. Et je mesure combien ces expériences, au-delà de la maladie elle-même pèsent sur ma santé, mon mental, ma capacité à avancer.


Je porte déjà un poids immense. Quand à ce poids s’ajoutent le manque d’écoute, l’injustice ou la froideur administrative, c’est une charge de trop pour moi. Et pourtant, je dois continuer à avancer.


Je partage tout cela brut, tel que c’est venu. Parce que je crois qu’il est important de dire les choses. Pas pour accuser, mais pour témoigner. Pour montrer que la maladie ne se vit jamais seule : elle entraîne avec elle un cortège de réalités invisibles, de blessures qu’on ne voit pas.

Et peut-être qu’en mettant des mots dessus, je pourrai, moi et vous, faire bouger un peu les lignes.




Cette expérience fait partie de ce que j’appelle le “au-delà de la maladie”. Et vous, avez-vous déjà ressenti ce poids supplémentaire, ces blessures invisibles, qui viennent s’ajouter à un parcours déjà difficile ? Je serais touchée de lire vos témoignages en commentaire.


 
 
 

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1 Comment

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Guest
Sep 25
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Une belle plume qui vous parlera, c’est certain…

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« Le chemin vers la guérison commence par le changement de vos croyances. »

Zineb Ajar 

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